Le temps des vendanges

Le temps des vendanges

Monbazillac, France

Loïc Mazalrey

Sur les coteaux de Monbazillac, les vendanges sont toujours plus tardives qu’ailleurs. Les viticulteurs attendent souvent la fin du mois du septembre avant de lancer leur armée de sécateurs dans les vignes. Alors que l’ été s’étiole doucement, les raisins  sont couverts d’une pellicule sombre qui laisse échapper des volutes de poussières sucrées : les scientifiques appellent ça « le botrytis cirinea », les vignerons «  la pourriture noble ».

Manipuler le raisin dans ces conditions demande beaucoup d’expérience et de dextérité. Vigneron indépendant installé au cœur de l’appellation monbazillac, Vincent Rousserie fait confiance à ses vendangeurs pour ramasser ces grappes qui valent de l’or. Tôt le matin, alors que la brume commence tout juste à lever le camp, les troupes se pressent  au pied des rangées de vignes  et remplissent avec application leur panier de raisins. Les bottes s’enfoncent dans la terre mouillée par la pluie  de la veille, les mains se couvrent de paillettes légèrement ocre qui collent à la peau. Les corps résistent, mais déjà les dos souffrent.

Patron des opérations, Vincent conduit le tracteur qui tracte le tombereau de raisins. Malgré ornières qui jalonnent la vigne, il s’efforce d’aller au plus près de ses vendangeurs : « la cueillette des raisins  est suffisamment pénible comme ça pour ne pas leur infliger une peine supplémentaire », explique le viticulteur.

La récolte promet d’être belle : les raisins sont gorgés de soleil et la pourriture noble s’évanouit au fond des paniers avec la force du sirocco qui soulève le sable du Sahara.

On the slopes of Monbazillac, the harvest is always later than elsewhere. Winemakers often wait for the end of September before their army of pruners starts work in the vineyard.

While the summer is fading slowly, the grapes are covered with a dark film that lets off plumes of sweet dust : Scientists call it « botrytis Cirinea » winemakers « noble rot. »

Manipulating the grapes in these conditions requires a lot of experience and skill. Independent winemaker Vincent Rousserie, whose vineyard is in the heart of the certified region of Monbazillac, trusts his pickers to pick these clusters that are worth their weight in gold.

Early in the morning while the mist just starts to rise, the team crouch in front of rows of vines and get to work filling their baskets. Boots sink into the ground that is wet from the previous day’s rain. Their hands become sticky. It is back breaking work.

The operations boss, Vincent drives the tractor that pulls the cart of grapes. Despite the ruts which separate the vines, he tries to get closer to his harvesters, « picking grapes is bad enough, I don’t want to inflict any additional punishment, » says the winemaker.

The harvest promises to be bountiful. The grapes are sun-drenched and covered in noble rot.  The bottom of the baskets is covered with a layer of sand blown by the Sirocco winds that originate in the Sahara desert.