La Difficile question des Déplacés au Burkina Faso

La Difficile question des Déplacés au Burkina Faso

Burkina Faso

Julien Ermine

La situation humanitaire au Burkina Faso a connu une forte dégradation pendant les premiers mois de l’année 2020 suite aux multiples attaques djihadistes que subie la région du Sahel.

Au Burkina Faso, les autorités dénombrent en moyenne 100000 déplacés de plus chaque mois, depuis janvier 2020, principalement dans les régions du nord du Pays.

Le dernier décompte officiel de l’UNHCR(mars 2020) fait état de plus de 700000 personnes, qui ont dû abandonner leur foyer. Les attaques terroristes, les mouvements de déplacés et la logistique humanitaire compliquée, entrainent des besoins de plus en plus important. Les risques de famine font craindre le pire alors que les besoins en eau touche déjà plus d’ 1,5 million de personnes.

Ces centaines de milliers de déplacés ont rejoint les villes où sont organisées collectes d’eaux et distributions de nourritures, fournies par le programme alimentaire mondiale (PAM), comme dans la ville de Kaya (située à une centaine de km au nord de Ouagadougou), principale ville touchée par les mouvements de déplacés.

Le Sahel est une vaste région, répartie sur 3 pays, le Mali, le Niger, et le Burkina Faso. Les autorités, pourtant aidées par des forces internationales, notamment les forces françaises, éprouvent de grandes difficultés à assurer une certaine forme de sécurité dans cette zone gigantesque semi désertique et reculés de tout.

En parallèle des exactions perpétrés par les djihadistes, deux autres points de tensions sont réapparus depuis quelques mois et viennent s’additionner aux difficultés ; la résurgence de conflits inter-ethniques et les attaques de bandits et autres coupeurs de routes qui profitent de cette déstabilisation pour piller et voler des villages. A tel point qu’il paraît compliqué pour les autorités d’attribuer certaines attaques, même si la principale menace restent bien entendue liée à la question du terrorisme.

Ces mouvements ont de nombreuses conséquences sur la vie du pays. Près de 2500 écoles ont fermés leur porte, ainsi que 120 centre de santé. A moyen terme, les autorités locales s’inquiètent également d’une autre problématique ; Celle de savoir si ces centaines de milliers de déplacés pourront réintégrer leur foyer avant la saison des pluies afin de semer les champs. En effet, la majorité d entre eux vivent de la terre, et dans un pays où l’on ne peux réaliser qu’une récolte par an, la question revêt un caractère névralgique.

La crise humanitaire semble inéluctable si l’on songe à cette pandémie causée par le coronavirus dans un pays qui manque de tout. Les soucis liés au risque de déclenchement d’épidémie étaient déjà grand à cause de la concentration humaine et la promiscuité induite par ces déplacements massifs. Le manque d’hygiène dû à l’absence d’infrastructures d’assainissements, ou encore les problématiques d’accès aux besoins primaires telles que l’eau ou encore les médicaments, là ou les services de santé se faisaient déjà rares, ne viennent que s’ajouter à la longue liste des problèmes actuels du pays.

Les mois à venir seront déterminant pour qualifier l’ampleur de la crise humanitaire qui s’annonce. L’ONU tente d’alerter sur les graves problèmes que subissent les populations du Sahel, mais à l heure ou le monde est bloqué par la pandémie de coronavirus, la question reste pour l’instant en suspend.

The humanitarian situation in Burkina Faso deteriorated sharply during the first months of 2020 as a result of multiple jihadist attacks in the Sahel region.

The humanitarian situation in Burkina Faso deteriorated sharply during the first months of 2020 as a result of multiple jihadist attacks in the Sahel region.

In Burkina Faso, the authorities have been counting an average of 100,000 more displaced persons every month since January 2020, mainly in the northern regions of the country.

The latest official UNHCR count (March 2020) shows that more than 700,000 people have been forced to abandon their homes. Terrorist attacks, the movement of displaced people and complicated humanitarian logistics are leading to increasing needs. The risks of famine are making people fear the worst as the need for water already affects more than 1.5 million people.

Hundreds of thousands of displaced people have moved to towns where water collection and food distribution, organized by the World Food Programme (WFP), is taking place, such as in the town of Kaya (about 100 km north of Ouagadougou), the main town affected by the displacement movements.

The Sahel is a vast region, spread over three countries, Mali, Niger and Burkina Faso. The authorities, although assisted by international forces, particularly French forces, are finding it very difficult to provide some form of security in this gigantic semi-desert area, which is remote from everything.

In parallel with the exactions perpetrated by the jihadists, two other points of tension have reappeared in recent months and add to the difficulties; the resurgence of inter-ethnic conflicts and attacks by bandits and other road blockers who take advantage of this destabilization to loot and rob villages. To such an extent that it seems complicated for the authorities to attribute certain attacks, even if the main threat remains of course linked to the question of terrorism.

These movements have many consequences on the life of the country: Nearly 2500 schools have closed their doors, as well as 120 health centres. In the medium term, the local authorities are also worried about another issue: whether these hundreds of thousands of displaced people will be able to return to their homes before the rainy season in order to sow the fields. Indeed, the majority of them live off the land, and in a country where only one harvest a year can be made, this is a critical issue.

The humanitarian crisis seems unavoidable if we consider this pandemic caused by the coronavirus in a country that lacks everything. Concerns about the risk of an epidemic outbreak were already great because of the human concentration and promiscuity induced by these massive displacements. The lack of hygiene due to the absence of sanitation infrastructures, or the problems of access to primary needs such as water or medicines, where health services were already scarce, only add to the long list of the country’s current problems.

The coming months will be decisive in determining the scale of the humanitarian crisis that is looming. The United Nations is trying to warn of the serious problems facing the people of the Sahel, but at a time when the world is blocked by the coronavirus pandemic, the issue remains unresolved for the time being.