Halmahera
Halmahera, en Indonésie, une ile d’environ 180 000 habitants située dans la province des Moluques du nord. Ici on se bat pour conserver les droits fondamentaux hérités des ancêtres ainsi que pour la propriété des terrains. Ces combats ne sont pas partagés par tous car, bien entendu, comme c’est souvent le cas sur notre planète la modernité a rattrapé et perturbe le quotidien. La société est tiraillée entre traditions et soif de modernisme. J’y rencontre notamment Afrida. Elle est la seule femme indonésienne responsable locale des différentes communautés à se battre pour la préservation des droits indigènes. Il est souvent question ici de droits de propriété sur les terrains afin de continuer à pratiquer la chasse en accédant à la forêt, de pratiquer la pêche en accédant à des cours d’eau sains, d’accéder à la terre pour pratiquer l’orpaillage artisanal, ou encore conserver un terrain afin de bénéficier de son autosuffisance alimentaire.
Lorsque des multinationales minières obtiennent les licences d’exploitation pour extraire le nickel, que deviennent les habitants privés de leur terre malgré leur indemnisation financière ? Certains restent sur place et résistent pour conserver leurs propriétés, ils sont quelquefois emprisonnés arbitrairement. D’autres abandonnent leur domicile pour aller vivre ailleurs car les sols et les cours d’eau sont désormais pollués par l’industrie rendant impossible toute forme de culture. Les chasseurs cueilleurs n’ont plus accès à la forêt et les animaux se font plus rares du fait de la perturbation de leur milieu …
Lorsqu’une multinationale obtient les droits d’exploiter l’or contenu dans les sous-sols, que deviennent les populations qui ont toujours exploité de manière artisanale cette ressource ? Non sans difficultés, de nuit, ils pénètrent clandestinement sur cette propriété en évitant les gardiens, là où par le passé, ils pratiquaient l’orpaillage traditionnel. Dans les villages avoisinant des chaines d’orpaillage artisanales continuent de tourner. L’or récolté à mains nues est collecté par un grossiste ou directement vendu par les habitants. Le produit de la revente permet d’alimenter l’économie des villages et des familles.
Que ce soit à l’occasion de la ferveur d’une messe protestante ou devant la télévision diffusant des programmes européens sans intérêt, la question du choix est omniprésente, elle se pose encore et encore, et demeure en suspens. Les populations locales ont-elles véritablement été confrontées à un choix ? Sont-elles consciemment maitres de leur destin ou en subissent-elles involontairement une contrainte imposée par les acteurs de la mondialisation ?
Halmahera, Indonesia, an island of around 180,000 people in the northern Molucca province.
Halmahera, Indonesia, an island of around 180,000 people in the northern Molucca province. Here we fight to preserve the fundamental rights inherited from the ancestors and for the rights on the land. There are not everyone’s fights because, of course, as often on our planet, modernity has caught up and is disrupting everyday life. The society is torn between traditions and thirst for modernism. I have met Afrida there. She is the only Indonesian woman in charge of local communities fighting for the preservation of indigenous rights. It is often a question of property rights on the land in order to continue to practice hunting by accessing the forest, to practice fishing by accessing healthy rivers, to access the land to practice artisanal gold mining, or even keep land in order to benefit from food self-sufficiency.
When multinationals minings companies obtain operating licenses to mine nickel, what becomes the inhabitants deprived of their land despite their financial compensation ? Some remain there and resist to keep their property, they are sometimes arbitrarily imprisoned. Others leave their homes to go and live elsewhere because the soils and rivers are now polluted by industry, making any form of cultivation impossible. The hunters-gatherers no longer have access to the forest and the animals are becoming rarer due to the disturbance of their environment …
When a multinational obtains the rights to exploit the gold contained in the basements, what becomes of the populations which always exploited in an artisanal way this resource? Not without difficulty, at night, they smuggled onto this property, avoiding the guards, where they had practiced traditional gold panning in the past. In neighboring villages artisanal gold panning chains continue to operate. Gold collected with bare hands is collected by a wholesaler or directly sold by locals. The proceeds from the resale fuel the economy of villages and families.
Whether during the fervor of a Protestant mass or in front of television broadcasting uninteresting European programs, the question of choice is omnipresent, it arises again and again, and remains in abeyance. Have local populations really been faced with a choice ? Are they consciously in control of their destiny or are they involuntarily subjected to a constraint imposed by the actors of globalization ?