Djebel Ô mon djebel

Djebel Ô mon djebel

Ouled M’Halla, Tunisie

Jacques Pion

« Djak’… si tu gagnes des millions avec les photos, promets moi de m’acheter un nouveau costume ! »

Rabah Bouziad est né en 1948 dans le djebel d’Ouled M’Halla, petit hameau bâti à 800 mètres d’altitude et situé à moins de 10 km de la ville de Ksar El Abtal – Wilaya de Setif.

Rabah n’a jamais quitté sa région de naissance sauf une seule fois pour un grand et unique voyage à Tunis. Il fait parti du grand clan Bouziad solidement implanté dans toute la région et ce depuis « toujours »…

Rabah a eu six fils et deux filles. Il vient tout juste de marier sa dernière. Depuis son plus jeune âge, il vit à la ferme familiale où les générations se succèdent sans interruption, chacune assurant le soutien et la protection des plus anciens jusqu’à la fin de leurs jours.

Sa vie est simple au milieu de son djebel, une vie rythmée par le cycle du soleil et les modestes repas que sa femme Bibihya lui prépare matins et soirs. Son seul luxe, une petite télévision noir et blanc qu’il écoute pour s’endormir et ses 2 vestes de costume griffées « sept jours sur sept » qu’il porte fièrement pour emmener son troupeau paitre dans la montagne.

Tout autour de la ferme familiale la terre brulée par le soleil et usée par le vent fut autrefois le théâtre de nombreux épisodes de la guerre d’indépendance.

Mais les temps changent et l’urbanisation subventionnée par l’État gagne maintenant peu à peu les coins les plus reculés du pays. Son djebel n’y échappe pas ! Les bruits des canons et des fusils ont laissé la place aux grincements des grues et aux fracas des bulldozers qui écrasent tous les vestiges du passé. Sur le journal du jour, on parle de la fin de l’âge du pétrole pour dans 30 ans et de l’exploitation à venir du gaz de schiste …

Il est 5h30, le jour se lève et les premières senteurs de thym portées par la brise du matin sonnent l’heure du départ !

Djebel, Ô mon djebel…

“Djak, if you make millions of dollars with the photos, promise to buy me a new suit!”

Rabah Bouziad was born in 1948 in Djebel Ouled M’Halla, a small village at 800 meters altitude and located less than 10 km from the town of Ksar El Abtal -Wilaya of Setif.

Rabah has never left his region of birth except once for a great trip to Tunis. He is a member of the great Bouziad clan that is firmly established throughout the region.

Rabah has six sons and two daughters. He has just married his last one. He has always lived on the family farm passed down through generations, each providing support and protection of the oldest until the end of their life.

His life is very simple in the middle of the djebel, a life punctuated by the cycle of the sun and the modest meals prepared by Bibihya, his wife, every morning and evening. His only luxury is a small black and white television and 2 suit jackets that he calls his « seven days ».  He proudly wears his suits to take his sheep to graze in the mountains.

Around the family farm, the land burned by the sun and worn by the wind was once the scene of many battles during the war for independence.

But times are changing and urbanization subsidized by the Algerian state is now gradually gaining even the most remote corners of the country. His djebel is no exception. Squeaking cranes and bulldozers crushing all vestiges of the past have replaced the sounds of guns and cannons. The daily newspaper, is talking about the end of the oil age in 30 years and future exploitation of shale gas in the region…

It’s 5:30 am, the sun rises and the first scent of thyme carried by the morning breeze announces the time to depart!

Djebel, my djebel…