Livre UNESCO sur les Infernot

Il Monferrato degli infernot.

a cura di Ilenio Celoria e Chiara Natta.

Les caves «  Infernot » constituent une paysage fascinant sous la terre du pays de Monferrato (Piémont) . Qu’ont-elles transmises à ta vision photographique lorsque tu les as découvertes la première fois ? 

Jacques Pion : La première fois que j’ai pénétré dans une cave « Infernot », j’ai ressenti immédiatement l’aspect secret du lieu dont l’entrée est souvent cachée des regards extérieurs. Et puis, il y a cette sensation de sérénité et de paix qui te pénètrent profondément avec une empreinte humaine forte. A l’intérieur transpire la mémoire de la terre et du travail des Hommes qui venaient y passer un moment après une dure journée de labeur. Le temps semble rester devant la porte.
Il n’est pas facile d’appréhender un lieu comme celui-ci. Il n’y a pas de lumière, l’espace est exigu et on oublie vite la vision du monde extérieur .

Comment as tu réfléchi à traiter ce sujet photographique ? 

JP : J’ai pensé immédiatement à recréer l’ambiance initiale que les paysans ont toujours connus lorsque ces caves étaient en usage. Lumière naturelle de la flamme, lumière ancestrale. Et puis dès le départ ce sont les gens qui m’intéressaient sur ce projet pour l’empreinte qu’ils ont laissée même si aujourd’hui leurs usages ne sont plus du tout en rapport avec les activités agricoles du passé. Le noir et blanc original s’est tout de suite imposé comme l’outil de représentation qui collait le mieux avec ma réflexion.

La valeur de la mémoire semble être le point majeur de ton travail. Comment as tu pu l’exprimer ? 

JP : J’ai eu la chance de rencontrer une vieille dame de 91 ans qui a connu cette époque où les « Infernot »  étaient en usage. C’est probablement une des dernières mémoires du pays sur ce sujet. J’ai aussi rencontré sa fille dont le souhait est de faire perdurer cette mémoire. La « vieille dame » m’a raconté son enfance et lu un long passage de son livre où elle raconte  sa vie de fille de paysan. Sa fille, je l’ai photographié lorsqu’elle a éteint la chandelle, comme pour marquer la fin de cette histoire .. J’ai voulu aussi traiter le sujet de l’enfance, parce que nous avons tous vécu lorsque nous étions petits la magie des lieux secrets, des lieux où il était interdit de jouer !

Nous avons joué pendant une heure à «Nascondino», un jeu de mouvements et de cache-cache, symbole de l’interdit du passé ..

Interview de Maria-Teresa Cerretelli.